mercredi 1 juillet 2015

Accepter le chaos

J'ai longtemps eu comme compagnon de voyage un homme organisé, structuré, cartésien et capable de jongler joliment avec les trajets, les transports et les réservations.

En quelques coups de clic, l'hébergement était trouvé, le bon resto du coin déniché et le meilleur moyen de s'y rendre, logiquement planifié.

En quelques manipulations, l'internet arrivait sur les ordinateurs, les sites bloqués étaient débloqués, l'argent était géré, les paiements faits et le budget balançait.

Pendant que tout cela semblait magiquement se faire, moi je m'occupais des enfants, j'équilibrais le moral des troupes et je parlais avec les gens. Il était la tête, j'étais le coeur.

À chacun sa spécialité, ça roulait rondement.

J'ai tenté de planifier mon voyage en Inde en adoptant son approche efficace et organisée qui avait si bien fait ses preuves.

Et, je suis me suis vite rendue compte que ce n'était pas moi du tout.

Que j'en étais incapable.

Que mon cerveau ne marchait pas comme ça, que ça ne m'intéressait même pas trop de le faire fonctionner de cette manière.

Je me suis rendue compte que je ne pourrai pas être en mesure d'aider le chauffeur de rickshaw à trouver l’hôtel, que je ne saurai pas où me diriger en tout temps, que le plan du métro ne sera pas greffé dans ma tête, que je n'aurai pas l'air de connaitre la ville comme le fond de ma poche et même pas proche du fond de ma poche, au fait.

Je me suis rendue compte que j'aurai l'air sans aucun doute un peu touriste, que mes pas ne seront pas toujours déterminés, que je vais nécessairement avoir chaud bien plus que nécessaire.

Oh, well!

Je ne sais pas ce que cela va donner une fois sur place, mais j'ai arrêté, aujourd'hui, de ressentir un souci de performance et de chercher avec angoisse à atteindre un idéal.

Je suis moi, un peu brouillonne, un peu bohème, un peu naive, un peu désorganisée, un peu toute croche.

J'accepte à l'avance de perdre du temps à gosser pour trouver ce que je cherche, j'accepte de me tromper, de me faire sans doute un peu avoir, de devoir rebrousser chemin, de prendre des routes inutiles, de manger un peu moins bien, de passer à côté de choses à voir ou à faire, d'attendre en vain un autobus qui ne passera jamais.

J'accepte les détours, les hotels complets, les restaurants fermés, les nombreuses fois où je me dirais que j'aurais mieux fait de bien lire le guide. 
J'accepte même de me trouver un peu poche et de me dire que la prochaine fois, je ferai mieux.
J'accepte définitivement que ce soit incomplet de temps en temps, improvisé un peu, flou souvent et de ne pas me sentir vraiment prête.

De toute manière, il parait que personne n'est jamais vraiment prêt pour l'Inde.




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