mercredi 22 juillet 2015

Miettes de trek 2

Visite du monastère du coin.
Perché sur un rocher, naturellement.
Il y a juste ça de la roche ici,
Des lambeaux de fresques de plus de 700 ans et que je pourrais effriter d'un doigt.

(...)

Entrer dans la cuisine.
S'assoir avec les deux femmes qui préparaient des momos.
Parce que la cuisine c'est toujours le meilleur spot.
Partout.
La plus jeune parle bien anglais et se marie le mois prochain.
-Excitée?
-oui
Elle s'en va ensuite vivre avec sa belle-mère.
-Ça te fait peur?
-oui, je suis un peu confuse avec ma vie, madame.
-Et vous, vous n'avez pas de mari, madame?
-J'en ai déjà eu un, pendant longtemps, j'ai maintenant la chance de m'en trouver un deuxième et un troisième et même, peut-être un quatrième.

Celle qui parlait anglais a traduit à l'autre.
Regard de connivence entre nous trois.
Envieuses de ma liberté?
Je ne sais pas.
Choses certaines, elles savaient.
Comme seules les femmes savent.
Et sa main qu'elle m'a tendue pour que je tape dedans.


(...)

Rencontrer trois jeunes israéliens.
Sont jeunes, sont beaux, sont en forme.
Un qui transporte une guitare et l'autre son nécessaire pour faire du café.
Sur un petit réchaud.
M'en faire offrir une tasse.
L'accepter parce que c'était une trop belle offre.
Au milieu de nulle part.
Ce café dans ce petit gobelet en métal.

(...)

Trouver sa fille vraiment forte.
De se lever en plein milieu de la nuit et d'aller sous la pluie, dans la boue, au fond du jardin, rejoindre le trou qui sert de toilette.
À la lumière de son ipod.
Puis revenir et me dire "je savais que ce n'était pas une bonne idée d'éclairer par terre, c'est plein de coquerelles".
Et de se recoucher aussi sec.

Vraiment pas une chochotte.

(...)

"T'es dont ben jolie.
Comment tu fais pour être jolie comme ça en marchant sur un sentier?"

Sans doute le plus beau compliment spontané que l'on m'a fait de toute ma vie.
Surtout de la part de ma fille.
Qui complimente peu.
Merci encore.
Il m'a fait chaud au coeur pendant bien des kilomètres.

(...)

Traverser des rivières bouillonnantes.
Des tas de fois.
Devoir enlever ses souliers et relever ses pantalons.
Faire attention car le courant est fort.
L'eau glacée qui saisit.
Il pleut.
Ce pourrait être misérable mais ça ne l'est pas.
C'est juste vraiment le fun.


(..)

Croiser plusieurs fois un sud-coréen sur la route.
Il marche seul.
Complètement gelé la plupart du temps.
Il dort dans la même homestay que nous.
Il me propose de fumer avec lui.
Dans cette cuisine, à 4000 mètres, avec notre guide, ils sont en train de se rouler quelques joints.
Parait que c'est du très bon stock acheté un peu plus bas, ça rend l'esprit very clear de me certifier Won (le sud-coréen).
Je décline.
Je ne me sentais pas vraiment l'intrépidité de fumer je ne sais trop quoi, avec je ne sais trop qui, dans un lieu complètement isolé de tout, avec ma fille à côté.
J'ai souri en pensant à tous ceux qui auraient dit oui.
J'ai vieilli.
Je sais.


(...)

Apprendre à jouer au trou de cul à un sud-coréen à moitié stone et à un guide ladakhi.
Dans une cuisine sombre avec un chat qui rentrait dans la petite trappe derrière le poele pour aller s'y réchauffer.
Pendant que le pain pour demain se cuisait sur le rond.
Les cartes, c'est toujours rassembleur.
Peu importe la langue, peu importe la provenance.
Tout le monde joue aux cartes.
Même moi, de temps en temps.

(...)

Laver son linge et prendre sa douche.
Des trucs simples qui, ici, ne le sont pas vraiment.
Pomper l'eau de la fontaine.
Se laver avec un seau après avoir fait chauffer de l'eau dans une bouilloire au soleil.
Meilleure douche ever de dire Catherine.
Faut vraiment pas être précieuse.
Ni regardante sur l'hygiène.
Et toutes ces coquerelles, la nuit.
Et que l'on retrouve flottantes dans l'eau de notre lessive.
Ouais, faut pas trop y penser.

(...)

Et j'y suis rentrée comme on entre dans une église.
Comme dans un monastère.
Un sanctuaire.
Toujours un peu émue.
Avec recueillement j'ai regardé les dessins d'enfants, la grille horaire de la journée, les comptines affichées sur le mur.
Toujours un peu pareil, partout.
J'ai contemplé toute la vie qui suintait de cette école.
Avec cette pensée toute particulière vers les enseignants d'ici.
Qui font le plus beau métier.
Éduquer pour faire avancer le monde.
Et d'avoir remarqué, plus bas sur le sentier, qu'il cherchait des volontaires dans l'école de l'autre village.
Se prendre à rêver.

(...)







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