mercredi 22 juillet 2015

L'art de se divertir

La montagne ce n'est jamais si simple.
N'importe quel trek peut prendre une tournure étrange en quelques secondes, ou moins.
Suffit de pas grand chose.

Pour nous, il a fallu le passage d'une rivière.
D'un saut par dessus et d'une mauvaise réception pour que Catherine se blesse à une jambe.
Plus capable de marcher dessus.
Ou presque.
Au milieu de nulle part avec encore 4 heures de marche pour se rendre dans un village de 3 maisons sans eau, sans électricité, sans téléphone.
Il a fallu penser vite.
Et regarder rapidement les différentes options.

Reprendre la route, lentement, en clopinant.
Là, nous avions malheureusement zéro autre option.
Getso s'est chargé du sac de Catherine, un autre guide lui a fourni un baton de marche et j'ai laissé tombé l'idée de rester les pieds au sec.
Nous avions encore des dizaines de traversés de rivières qui nous attendaient.

Selon le plan initial, nous dormions encore une nuit sur la route et, demain, nous avions une petite heure de marche avant de rejoindre notre transport pour Leh.
Ne sachant pas trop si Catherine pourrait clopiner demain, ne voulant pas nécessairement attendre pour rejoindre Leh et éventuellement un hopital si besoin est, nous avons opté pour rejoindre, si possible, Leh dès ce soir, quitte à marcher plus longtemps aujourd'hui.

Après 1 heures de marche plutôt lente nous avons atteint une tente, un "hotel" comme disait Getso.
Et, l'option cheval est alors apparue.

Fallait voir la face de Catherine quand nous lui avons amené le cheval blanc avec la petite clochette au cou.
Elle qui s'était toujours plaint d'être la seule de la famille à n'avoir jamais fait d'équitation.
La pauvre enfant!
Et la voilà.
Sur un cheval, sans selle, au coeur du Ladakh, à franchir des rivières et des torrents.
Dans un décor bucolique.
Une vraie princesse qui a souri tout le long du trajet.
Trop heureuse.
Même si je l'ai prévenue qu'elle aurait probablement, demain, plus mal aux fesses qu'à sa jambe!
Après ça, l'équitation à St-Lazarre va sembler, sans doute, un peu fade.

J'étais tout de même inquiète.
Mes enfants, depuis deux ans, ayant le don de se casser des jambes.
Puis une jambe estropiée, en voyage, il y a mieux comme idée.
Enfin, une chose à la fois.
Un souci à la fois.

Nous avons vraiment bien marché, Getso et moi.
Pas le choix, il fallait se rendre.
Je niaisais un peu Getso en lui demandant, de temps en temps, s'il avait besoin de prendre des pauses, sur la route.
-No, and you madam?
-Ben non, Getso.

Nous sommes finalement arrivés au gros village final (5 maisons à la place de 3).
Pas trop certain de trouver un transport pour aujourd'hui mais au pire, demain matin, nous avions une voiture qui venait nous prendre.

Nous avons finalement trouvé, à partir du village, un transport pour Leh.
Et deux heures plus tard nous étions de retour à notre homestay.
En nous sentant un peu chez nous, avec les enfants super contents de nous voir arriver.
Juley, juley (bonjour, bonjour).

Dire que les gens ici sont gentils serait un euphémisme.
Les gens ici sont ultra  ultra gentils.
Presque trop.
Fallait voir la grand-mère autour de Catherine.
Un peu plus et elle lui léchait la jambe en pleurant.

Nous avons pris une douche chaude, la première après 5 jours.
Joie et bonheur.
Et sommes allés à l'hopital avec Norboo.
Et ce fut.

Fascinant.

Dans la pièce, à gauche, en entrant dans l'hopital, c'était le triage, enfin un truc du genre.
Une gang de gens assis à faire je ne sais trop quoi dans un décor incroyable.
Des bacs avec des seringues sales, des bacs avec des médicaments en vrac, des gros oignons verts sur un lit, des rideaux en ruine.
Au fait, tout était en ruine.
Pour 10 sous, tu avais en main ton papier pour aller consulter le médecin.
La caisse, c'était une vieille boite de biscuits en métal rouillé.

Plus loin.
Une autre salle avec du monde dedans et deux personnes avec des stétoscopes dans le cou.
Les médecins, sans doute.
Enfin, j'imaginais que c'était ça.

Après 5 minutes d'attente, c'est notre tour.
Le gars tâte la jambe de Catherine.
Ce n'est pas brisé qu'il me dit sinon ça ferait plus mal.

Mais bon, tu as l'air fatigante alors je vais faire passer des rayons x à ta fille pour que tu arrêtes de m'énerver. (traduction libre)
Et ça va te coûter 40 roupies (80 sous).
Je prends un reçu pour mes assurances?

Les rayons x c'est dans l'autre bâtiment en haut.
Le neuf.
Vide et non éclairé.
Nous sommes seules devant la porte inscrit "rayon x" à la main.
Dans le noir.
On se croirait les dernières survivantes après une sale guerre atomique.
Truc du genre.

Un gars arrive de l'extérieur.
C'est peut-être le concierge ou le cireur de soulier ou un passant qui ne savait pas trop quoi faire, mais il ouvre la porte et nous dit qu'il va faire passer la radiographie.
Il ouvre la lumière, prend notre papier.
Il installe Catherine sur le lit.
Je décide de sortir durant la prise des rayons, mais le gars et Norboo (toujours avec nous) ne semblent pas faire grand cas de rester là.

5 minutes plus tard le gars ressort avec la radiographie encore mouillée et qu'il tient dans un coin pour la faire sécher plus vite.

Tout est beau, qu'il me dit, mais tu peux retourner voir le médecin pour une seconde opinion car, honnêtement, tu ne sembles pas me croire et tu es fatigante (traduction libre).

Je retourne voir le médecin.
Naturellement.

Je lui demande s'il est certain que le petit truc que je vois ce n'est pas une cassure.
Il me dit que non.
Non?
Non.
Non?
Non!
Du repos, des médicaments pour la douleur et surélever la jambe pour la nuit.
Et le voilà qui est en train de me dessiner une jambe avec des oreillers en dessous.

Ok, ça va que je lui dis, j'ai peut-être l'air anxieuse et un peu fatigante mais suis pas tant épaisse. (traduction libre).

Bon.

On va dire.

Tout de même.
C'est un hopital de tiers-monde, mais en moins d'une heure et pour moins d'un dollar, on semble avoir vu un médecin et un...radiologiste?
Sort off.

Catherine pourra garder la photo de sa jambe comme un magnifique souvenir de Leh.
On va donner des Advil, on va surélever la jambe, on va trouver des béquilles si besoin (je dois convaincre Norboo que ce n'est pas nécessaire de lui en gosser une paire en bois) et on verra au retour, si nécessaire.

Pour le moment, nous n'avions rien prévu de toute manière comme marche trop exigeante.
Nos prochaines activités se faisant en voiture.

Et, on va en profiter pour relouer un scootie pour quelques jours.

Comme ça, Catherine pourra continuer de faire la princesse sur une quelconque monture.

P.S: Catherine était tout de même un tantinet déçue, elle avait vraiment super envie d'un gros plâtre pour que les enfants puissent écrire dessus en ladakhi.
Full de cool, il parait.
Pfff.




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