samedi 11 juillet 2015

Scootie

C'était à la base l'idée de Norboo, notre hôte.
Rent a scootie if you want to visit the temples.

Un scootie?
Je savais que le Ladakh était le paradis des motards.
La route carossable la plus haute du monde.
Le rêve extrême de tout amoureux du bitume et des sensations fortes.
L'ultime chemin à dévaler sur deux roues.
Genre de pélerinage à la Mecque à faire une fois dans sa vie pour tout "biker" qui se respecte.

Mais, un scootie?
Ici, la moto est reine.
Des Royal Enfield qui ont toutes l'air d'avoir fait la guerre.
Des gars dessus qui ont tous l'air d'en revenir.
Foulards, bottes de cuir, lunettes de soleil, peau tannée par le soleil, lèvres gercées par le vent.
Rack à l'arrière avec des bidons d'essence.
Mucho viril le motard au Ladakh.
Rien à voir avec ce que l'on croise sur des trois-roues chez nous.
Rien à voir.

Mais, un scootie?
Venir ici c'est nécessairement avoir envie d'enfourcher une bécane.
De conduire ou encore de serrer très fort la taille d'un quelconque motard de service.
Mais,
Je ne me sentais vraiment pas assez intrépide pour tenter le coup de la conduite et je n'avais définitivement pas assez de temps pour trouver un éventuel dos à contempler sur des kilomètres.

Mais, un scootie?
Voilà qui était une idée séduisante même si je n'avais pas vraiment vu de scootie dans les rues ou encore en location.

Pas assez viril sans doute.

(...)

J'ai rencontré Showkat en cherchant des renseignements sur un trek.
Derrière le bureau de son agence, c'était vraiment le plus beau ladakhi que j'avais vu depuis mon arrivée ici.
Sourire ébouissant et ce petit je-ne-sais-quoi que seul peut dégager les hommes qui ont vu la montagne, la vraie, de près.
J'ai souri quand je l'ai entendu parler français.
Me semblait aussi qu'il avait ce regard.

C'est lui qui m'a arrangé le coup du scootie et qui a passé plus d'une heure à me dessiner une carte infaillible pour que je ne me perde pas.

C'était bon
.
Deux casques, une clef, un test de klaxon et un rappel que la conduite ici se faisait à gauche.
Ah! je croyais que la conduite ici se faisait n'importe comment.

Bon, j'ai vraiment l'air plus confiante que je l'étais véritablement.
Les routes ici c'est le chaos.
L'impression d'un récent bombardement.
Entre les trous, la poussière, le traffic, les pierres, le sable, les marchands, les ronds-points, la signalisation inexistante...la conduite ici relève de l'art de sauver sa peau.
Au plus fort la poche et advienne que pourra.

J'ai embarqué sur le scootie en me disant que ma maman ne serait pas rassurée du tout.
Si elle savait.

Et, nous sommes parties.
Moi un peu hésitante et qui me disais que j'avais, des fois, des idées douteuses.
Catherine super contente car elle avait un casque rose marqué "cute" sur le côté.
Ça suffisait.
Le bonheur est définitivement fait de choses simples.

Showkat est venu me rejoindre à la station d'essence.
Il semblait presque soulagé de m'y voir arriver.
C'était bon.
Le plus dur était fait.

Et, j'ai pris de l'assurance.
J'ai compris les codes du "pas de code" et j'ai mis, moi aussi, mon foulard et mes lunettes de soleil.
Pas une Royal Enfield mais une petite sensation de vent dans le cou qui donnait l'envie de se faire tatouer un aigle sur le dos.
Un petit, disons.

Le reste fut une véritable partie de plaisir.
Loin de la route principale, il n'y avait plus un chat.
Dans un paysage à couper le souffle, nous étions seules à visiter des monastères déserts, à croiser des villages tranquilles, à passer sur des ponts de bois, à contempler l'Himalaya qui nous entourait de partout.

Et de se sentir si vivantes.
Libres et fières d'avoir osé.

Se dire que c'est uniquement comme cela qu'il nous faut vivre.
En osant.
Et en repoussant nos peurs.
Toujours un peu plus loin.

"Voire que c'est à cause d'un film que nous sommes ici", de me souffler Catherine à l'oreille

Non, Catherine.

Nous ne sommes pas ici à cause d'un film.
Nous sommes ici parce qu'un jour nous avons fait un rêve et que nous avons décidé de le suivre.

Jusqu'au bout.







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