vendredi 19 juin 2015

Faire son sac



Les pèlerins sur le chemin de Compostelle disent que le poids de notre sac c'est, en quelque sorte, le poids de nos peurs et que nous trainons sur notre dos tout le fardeau de ce qui nous effraye le plus. 

Peur d'avoir froid, peur du noir, peur d'avoir faim, peur de manquer de vêtements propres, peur de s'ennuyer, peur de se perdre, peur de porter toujours la même chose, peur de ne pas tout prévoir, peur de ne pas tout avoir.

Je pense à ça à chaque fois que je commence à paqueter mes bagages.

Je ne veux tellement pas porter mes peurs.

Je refuse.

Je rêve de ne voyager qu'avec une brosse à dent et un kit de rechange. 
Je rêve de me contenter de peu. 
Je rêve de ne plus prévoir toutes les situations possibles. 
Je rêve de ne plus me dire "juste au cas" pour ce cas qui n'arrive jamais. 
Je rêve de faire confiance.

Je fais mon sac en tentant de me rappeler l'Asie. En me souvenant que nous portions peu et que nous avions, surtout, besoin de peu. 

Vraiment peu. 

Nous sommes revenus avec le tiers de ce que nous avions au début. Plus léger, plus mobile, plus simple.

Je fais mon sac en domptant ma tête. 

En me souvenant aussi que c'est mon dos qui porte, mes jambes qui supportent, que je vais être en altitude, que je vais être seule, que je ne veux pas m'encombrer.

Je fais mon sac en me rappelant que finalement rien n'est vraiment essentiel, que le bonheur ne réside pas dans ce qu'on apporte ou dans ce qu'on oublie. 

Je fais mon sac comme un exercice de lâcher prise, comme un acte de foi envers moi-même.

Je fais mon sac comme mon premier défi.

Celui de me faire confiance.

Mon sac, vide pour l'instant...

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